Il y a 3 ans, j’ai eu la chance de rencontrer l’homme qui est maintenant mon mari. Nous nous sommes trouvés un peu tard, avec dans nos bagages deux vies déjà bien remplies. J’ai épousé un homme formidable, doté de nombreuses qualités et de quelques spécificités, dont une maladie de Parkinson qui l’a atteint très jeune (diagnostiqué à 44 ans, il a maintenant 57 ans). La maladie n’est pas le fondement  de notre relation, mais elle structure notre quotidien : j’ai arrêté de travailler et des épisodes aigus récents (Parkinson ou pathologies connexes) ont mobilisé toute notre énergie. Mon mari s’est investi dans les activités de France Parkinson et dans la période particulièrement difficile que nous venons de traverser, les ateliers de sophrologie nous ont été très bénéfiques. La sophrologie m’a appris à « m’écouter », à respecter mon corps et accepter mes émotions.

Je n’ai jamais eu de problème de santé, aussi jusqu’à maintenant (j’ai 52 ans) je n’avais pas vraiment conscience de mon corps. Le stress lié à la maladie de mon mari, sa souffrance que je ne peux pas soulager, les interventions chirurgicales à répétition, les chutes, juste quand on reprend espoir, et la fatigue (les « mauvaises nuits » partagées) m’ont montré mes limites physiques.

Le premier enseignement que j’ai tiré des séances de sophrologie est l’importance de se ressourcer pour rester aidant. Je suis beaucoup sollicitée par mon mari, particulièrement en période de crise. Tout devient plus difficile pour lui : les gestes du quotidien, les déplacements, supporter la douleur quand le moral est en berne, et c’est justement le moment où je souffre aussi, de stress, de fatigue, d’impuissance face à la maladie. Pour rester « aidante », j’ai moi aussi besoin de me ressourcer, de ne pas « m’oublier » et me perdre dans la maladie.

La sophrologie m’a appris à identifier les tensions que je négligeais : tensions physiques (épaules douloureuses, dos raide, mâchoires crispées) et tensions psychologiques (des événements perturbants que je « stocke » dans un coin de ma tête sans prendre le temps de les comprendre, et qui reviennent ensuite me hanter à l’improviste). Reconnaître et admettre ces tensions a déjà représenté une énorme avancée pour moi. Le professionnalisme de notre intervenante, Paule Gerhauser, qui sait créer un climat de confiance et de respect, propice au « lâcher prise » m’a beaucoup aidé. Les séances se déroulent en petits groupes et des liens se créent, qui favorisent les échanges entre nous : partager les émotions qu’il m’arrive d’éprouver (abattement, agacement, parfois de la colère face à l’injustice de cette maladie) m’a déculpabilisée, et j’ai rencontré de belles personnes.

Les techniques proposées par notre intervenant pendant les séances de sophrologie m’ont appris à dénouer consciemment ces tensions.  Chacun adopte les techniques qui lui conviennent le mieux : pour ma part, je pratique régulièrement la respiration ballon qui m’apaise, le déplacement du négatif pour neutraliser ce qui me dérange et l’activation de la confiance en soi.

En résumé, la sophrologie m’a permis de prendre conscience de mon corps et d’oser me dire sans culpabilité « j’ai un corps et là il souffre ! ». Les techniques enseignées m’ont permis d’aller beaucoup plus loin et de pouvoir dire aujourd’hui : j’ai un corps, il souffre et je sais apprivoiser cette douleur.